Culture is not dead ! Avec la levée progressive des restrictions, la vie artistique reprend peu à peu son cours au Maroc. Week-end art, lectures à emporter à la plage, expositions à foison et dernières sorties ciné : voici 10 façons de renouer avec la culture en ce début d’été 2021.
LITTÉRATURE
Champs de nuit de Jamal Boushaba
Pour ceux qui l’ont connu, Jamal Boushaba était un personnage haut en couleurs, véritable dandy casablancais passionné par l’histoire de sa ville natale. Les autres se souviennent de sa plume acérée et badine. Une plume qu’il a consacrée à la culture, durant de nombreuses années et dans divers médias, comme Les alignés (premier mensuel d’art et d’humeur au Maroc, qu’il avait créé lui-même), Télé Plus, La Vie Éco, le Desk ou encore TelQuel . Avant de tirer sa révérence fin avril, le critique d’art a publié son premier ouvrage : Champs de nuit. Un recueil de 23 poèmes, paru aux Éditions Le Fennec, et illustré par la photographe Déborah Benzaquen. Un livre-trace qui fait perdurer la mémoire de ce féru d’histoire de l’art et nous emporte (avec lui) vers d’autres cieux.
Champs de nuit, recueil de poèmes de Jamal Boushaba
Éditions Le Fennec
Prix : 148 DH
Chante, Leïla, Chante ! de Farouk Benbrahim
Si on a un faible pour les histoires d’amour impossibles, on ne peut que dévorer Chante, Leïla, Chante ! de Farouk Benbrahim. Ce quatrième roman de l’auteur, inspirée d’une histoire vraie, détaille les amours contrariées de deux cousins issus de la bourgeoisie marocaine : Leïla et Ghali. On découvre très tôt l’amour juvénile que porte l’héroïne à Ghali et qui se mue en une passion secrète. Au fil des chapitres, on suit les destins parallèles des deux protagonistes et les péripéties de leur vie conjugale et de leur entourage. À travers ces vieilles familles andalouses, l’écrivain brosse le portrait d’une élite marocaine naviguant, non sans heurt, entre le poids de la tradition, de l’éducation, de la religion et une modernité effrénée. Ce roman prenant est parsemé de poésie arabe et de chansons immortelles. Un véritable Qays et Leïla des temps modernes.
Chante, Leïla Chante ! roman de Farouk Benbrahim
Prix : 100 DH
WEEK-END ARTY
Tous les habitants de la région de Fès connaissent Sidi Harazem. Cette ancienne station thermale de 14,5 hectares, conçue par Zevaco, a récemment fait l’objet d’un vaste projet de réhabilitation porté par l’agence Aziza Chaouni Projects. C’est dans ce lieu chargé d’histoire, qu’est invité le collectif Musique et Acolytes à l’occasion d’une résidence d’artistes, le week-end du 18 au 20 juin 2021. L’idée ? Explorer la culture sous ses différentes formes à travers le travail de 11 artistes et l’organisation de différentes activités. Au programme ? Trois concerts : un quatuor interprètera notamment Brahms, Beethoven ou encore Haydn, tandis qu’un spectacle porté par le comédien Hassan El Jaï accompagné de la pianiste Dina Bensaïd et des jeunes du programme socioculturel Masaya offrira une représentation inédite alliant théâtre et musique. Mais aussi deux dégustations gastronomiques (orchestrées par les chefs Simo Sajid et Baya), ou encore deux ateliers de découverte (un voyage de relaxation à travers la pratique des bols tibétains et une initiation à l’écoute). Et, pour finir en beauté, une randonnée sera organisée dans la région. Un week-end complet faisant la part belle à l’art et aux plaisirs des sens (gustatifs), le tout dans un lieu exceptionnel… on ne peut rêver mieux !
Week-end organisé par Musique & Acolytes
Du 18 au 20 juin
Station thermale Sidi Harazem
Prix : formule Immersion à 2850 DH/personne pour 2 nuitées et l’accès à tous les évènements, ou formule à la carte (à partir de 100 DH pour les ateliers, 250 DH pour les concerts et à partir de 350 DH pour les dégustations)
EXPOSITIONS
JOY chez Abla Ababou
Et si l’une des facultés de l’art était d’insuffler de la joie ? C’est le postulat de la prochaine exposition collective présentée à la Galerie Abla Ababou et sobrement intitulée “JOY”. À cette occasion, 11 artistes issus d’univers éclectiques s’emparent de ce joli thème et en proposent une interprétation personnelle. Parmi eux ? Les peintres Hicham Matini et Sanae Arraqas, le photographe Christian Mamoun ou encore les plasticiens Mahi Binebine, Florence Arnold et Morran Ben Lahcen. Et qui n’a pas besoin d’un petit shot de joie et de good vibes ?
JOY – exposition collective
Du 19 juin au 30 septembre
Galerie Abla Ababou
57, avenue Mehdi Ben Barka, Souissi, Rabat, Maroc
Tél. 00 212 5 37 65 33 66
D’un monde à l’autre de Flo Arnold à la Thema Galerie
Il y’a 13 ans, Flo Arnold exposait à la Thema Galerie. En 2021, la plasticienne réinvestit cet espace casablancais à l’occasion d’un solo show baptisé D’un monde à l’autre. À travers des techniques mixtes, l’artiste présente ses cartographies imaginaires, qui se déclinent en autant de formes métaphoriques, nuageuses, aériennes où les frontières se fondent les unes dans les autres, jusqu’à disparaitre. On aime les volumes organiques qui semblent pousser sur les murs et la finesse de son trait de crayon. Une exposition pour ceux qui aiment les territoires fantasmés et teintés d’onirisme.
D’un monde à l’autre de Flo Arnold
Du 18 juin au 10 juillet
Thema Galerie
60, rue Taha Houcine, Casablanca
Fermé le dimanche et le lundi matin
Tél. : +212 522 22 12 65
Le feu qui forge à l’Atelier 21
Quel a été l’apport de Mohamed Melehi à l’histoire de l’art marocain ? Quelle influence le peintre a-t-il eu sur ses contemporains ? Et que puisent les artistes marocains actuels, aujourd’hui encore, dans sa vaste œuvre ? C’est à ces questions que la commissaire d’exposition Salma Lahlou tente de répondre à l’occasion de l’exposition collective Le feu qui forge, qui ouvrira ses portes le 22 juin 2021 à L’Atelier 21. 21 comme le numéro de la rue où se trouve la galerie casablancaise, mais aussi comme les 21 artistes qui présenteront leurs travaux à l’occasion de cette expo-hommage. Mustapha Azeroual, Fouad Bellamine, M’barek Bouhchichi, Maria Karim, Safaa Erruas, Saïd Afifi… Plasticiens, peintres et photographes présentent chacun une œuvre ayant une parenté avec les créations de Melehi. L’occasion de se plonger dans l’héritage laissé par le peintre abstrait aux générations d’artistes qui lui ont succédé.
Le feu qui forge – exposition collective,
Du 22 juin au 30 juillet
L’Atelier 21
21, rue Abou Mahassine Arrouyani, Casablanca
Tél. : +212 5 22 98 17 85
Visite de Amine El Gotaïbi à la MCC Galery
C’est à Sidi Ghanem, le quartier industriel de Marrakech, qu’on peut découvrir depuis début avril, le nouveau solo show d’Amine El Gotaïbi : Visite. L’exposition rassemble 9 projets développés par le plasticien depuis 2011 et de nombreuses œuvres inédites. La vente des œuvres doit permettre de financer son projet panafricain Visite à Okavango, qui implique donc un voyage le long du fleuve éponyme pour ce qu’il souhaite être un “laboratoire spatio-temporel africain” lui permettant de partir “à la rencontre de 16 pays, de leurs artistes et de leurs territoires”. À travers une scénographie pour le moins spectaculaire (un troupeau de brebis, à l’entrée de la galerie, cohabite avec deux imposantes sculptures de Lions de l’Atlas – l’une conçue en terre et l’autre en béton – qui semblent s’affronter) la manifestation offre une vue d’ensemble de la recherche plastique effectuée par El Gotaïbi ces dernières années. Dans l’espace monumental de la galerie marrakchie, inaugurée il y’a moins d’un an, des photographies jouxtent d’imposantes installations conçues à partir de matériaux bruts (laine, terre, bois, cuivre…) et offrent ainsi au visiteur une immersion totale dans l’œuvre de l’artiste. Une exposition-évènement portée par un lieu ambitieux qui s’annonce comme une des futures galeries incontournables du Royaume.
Visite d’Amine El Gotaïbi
MCC Gallery
281, Sidi Ghanem, Marrakech
Ouvert du lundi au samedi, de 10h à 18h
Mais le VILLAGE est EN FEU d’Anbar El Mokri
Vous connaissez sans doute les créations en céramique du studio El Mokri, mais connaissez-vous ses peintures ? Anbar El Mokri, sa fondatrice, ne se cantonne pas aux objets, mais s’exprime aussi sur toile. Ses travaux aux couleurs chatoyantes sont à découvrir à l’occasion de sa prochaine exposition personnelle, rue de Tanger. On y va pour une immersion dans l’univers pétillant de la jeune femme mais aussi parce qu’on adore cet espace culturel situé au cœur de la médina de Casablanca et rénové il y’a quelques années par l’architecte Amine Slimani.
Mais le VILLAGE est EN FEU
Du 20 au 29 juin 2021
Rue de Tanger
28, rue de Tanger, ancienne médina, Casablanca
CINÉMA
Et du côté des salles obscures, que se passe-t-il ? En attendant de pouvoir découvrir le dernier long-métrage de Nabil Ayouch, Haut et fort, premier film marocain sélectionné en compétition officielle à Cannes, on profite de la réouverture des cinémas pour se plonger dans l’Amérique ségrégationniste du début du XXe siècle, avec Billie Holiday, une affaire d’état . Le biopic, retrace la vie et le combat de l’icône de jazz noire, interprète du déchirant titre Strange fruit. Le scénario se focalise principalement sur les addictions de la chanteuse, ses relations abusives avec les hommes et la manière dont l’État tente de la décrédibiliser. Le tout maladroitement saupoudré d’images d’archives, ce qui rend, certes, le film quelque peu indigeste, mais le jeu de l’actrice Andra Day vaut tout de même le détour (et lui a notamment valu le Golden Globe de la meilleure actrice et une nomination aux Oscars).
En famille, on opte plutôt pour Tom & Jerry, la dernière comédie des studios Warner. Le pitch ? La célèbre souris grise (Tom) a élu domicile dans un hôtel de luxe de la ville New York. A l’approche d’un mariage qui doit s’y tenir, Kayla (interpétée par Chloë Grace Moretz), wedding-planneuse récemment recrutée par l’établissement, est chargée de la déloger. Elle décide alors de faire appel à Jerry, le chat. On aime particulièrement la manière dont le film mêle animation et prises de vues réelles.
Les amateurs de films d’auteur opteront quant à eux pour Nomadland, le long-métrage triplement primé aux Oscars (ayant notamment remporté le prix du meilleur film). Il retrace le parcours de Fern, une sexagénaire américaine ayant perdu son emploi après la crise économique de 2008, et qui décide, à la suite du décès de son mari, de vendre sa maison pour acheter une camionnette et partir vivre sur la route. Cette nomade des temps modernes sillonne le grand Ouest au gré des petits boulots qu’elle trouve à droite à gauche et des rencontres. Un road movie mélancolique, à la très belle photographie, qui capture la détresse d’une génération laissée pour compte.